L’examen de permis de conduire mieux expliqué aux candidats

Interview exclusive de Kokou Délato Agbokpè, Directeur des Transports Routiers et Ferroviaires
Des innovations seront apportées à l’examen du permis de conduire avec l’introduction de l’outil informatique. Quelles sont ces innovations ?
L’enregistrement ne sera plus manuel mais informatisé. Le candidat s’inscrit de manière électronique comme on le fait dans les commissariats pour l’établissement de la carte nationale d’identité. La photo est prise le jour d’inscription, le dossier est constitué avec un numéro code barre pour l’anonymat du candidat.
L’enregistrement se ferra par catégorie (A, B, C, D, E et F) et par langue. Outre le Français nous avons retenu cinq langues nationales à savoir l’Ewé, le Mina, le Cotocoli, le Kabyè et le Moba.
Un calendrier précisant la date et l’heure d’enregistrement sera établi et rendu public. En dehors de la date et de l’heure ainsi programmées, aucun enregistrement n’est autorisé.
Les jours d’examen sont alors programmés par catégorie et par langue. L’examen se fera en salle et les candidats sont soumis aux épreuves de connaissance théorique et générale sur le code de conduite, la mécanique, le secourisme et la sécurité routière, la prévention, l’environnement de la circulation etc.
Sont déclarés admissibles pour les épreuves pratiques (la conduite), les candidats ayant obtenu une note de 14 sur 20 en connaissance théorique et générale.
Vous avez mis la barre très haute monsieur le directeur !
Oui à cause de la sécurité routière. Cela nous évitera les nombreux dérapages que nous constatons sur nos routes. Il ne s’agit plus de bien maitriser la conduite mais également les règles qui régissent la circulation des véhicules. Nous ne badinerons plus sur les normes de conduite. Les candidats doivent bien maîtriser le code de la route. Les cas d’accident seront considérablement réduits. Nous sommes certes intransigeants mais je ne pense pas avoir exagéré en mettant la barre haute.
A quoi doit s’attendre un candidat le jour de l’examen avec ces diverses innovations ?
Comme je le disais plus haut, l’examen se ferra dans une salle munie de vidéo projecteur et de haut parleur. Vingt (20) questions aléatoires sur les 930 (dans la base de données), seront projetées sur l’écran. Des réponses seront proposées pour chaque question et il revient au candidat de cocher la bonne réponse. C’est un système de question à choix multiples (Qcm) que nous connaissons tous.
A la fin de l’épreuve, les copies anonymes vont être corrigées, les résultats publiés et affichés. Les admissibles passeront la deuxième partie de l’examen (la conduite) avec une moyenne de 14 sur 20.
Est déclaré admis à l’examen de permis de conduire, le candidat qui obtient une moyenne générale de 12 sur 20.
Pensez-vous que les candidats en langues nationales peuvent s’accommoder à ce système de question à choix multiple ?
Il n’y aura pas de problème majeur. Les questions seront posées en langue nationale et des couleurs variées vont matérialiser les réponses proposées. Le candidat n’aura qu’à choisir la couleur qu’il estime répondre à la question posée.
Finie donc la conduite sur table à laquelle nous sommes habitués ?
Oui les cas de figure seront projetés sur écran géant. Il n’y aura plus de contact direct entre l’examinateur et le candidat qui est seul devant sa copie. Nous sonnons ainsi le glas à la corruption dont on accuse à tort ou à raison les examinateurs.
Depuis le mois d’avril 2015, des séances de travail ont été organisées à l’endroit des promoteurs des centres de formation communément appelés Auto Ecole. Nous leur avons remis un programme de cours sur lequel les 930 questions porteront. Il revient donc à ces moniteurs de maitriser le programme et de bien former leurs candidats. Le contenu ne change pas. C’est ce qui est enseigné sur table qui sera projeté à l’écran.
Une véritable révolution dans le secteur. Comment se passera la seconde partie de l’examen ?
En deux étapes. La conduite hors circulation et la conduite en circulation.
La première étape se fera dans une cour avec des dispositifs coniques pour tester la connaissance du candidat en créneaux dans les manœuvres en démarrage en côte etc.
La seconde étape permet de jauger le comportement du candidat en circulation. Respect des signalisations, des autres usagers de la route, vos réactions et la courtoisie en circulation etc. il y a un certain nombre d’indicateurs qui permet à l’examinateur d’évaluer le candidat.
Les voitures d’examen seront désormais munies de caméra de surveillance pour décourager toute tentative de corruption.
Le premier examen de permis de conduire (nouvelle formule) est programmé en septembre prochain.
Qu’est-ce qui motive une telle révolution dans le secteur ?
Il faut que nous soyons en conformité avec les directives de l’UEMOA. Le Togo a accusé du retard par rapport aux autres pays membres.
Le nouveau système nous permettra aussi de réduire considérablement la corruption à chaque niveau de l’échelle. De l’enregistrement des candidats jusqu’au jour de l’examen proprement dit.
Il est inconcevable que ce soit le jour de l’examen que certains candidats se font enregistrer par les promoteurs d’auto école. Tout cela doit cesser. Aucun enregistrement n’est plus autorisé au-delà du calendrier établi, que ceci soit clair pour tout le monde. Je pense que d’avril à septembre, les promoteurs des écoles de formation ont disposé d’assez de temps pour se conformer aux nouvelles règles d’enregistrement de leurs candidats. Le calendrier d’enregistrement sera donc rendu public en début du mois de septembre prochain, les examens débuteront à la fin du même mois.
Finie la période où les examinateurs font l’objet de diverses sollicitations pour faire passer un candidat contre le versement d’une somme de 30.000 F ou 40.000 F.
Réalisée par Isidore Akollor
source: Actu EXPRESS N°343